Parmi les acteurs de l’assistance au suicide en suisse, nous pouvons citer certaines associations privées « spécialisées » en la matière à savoir Exit et Dignitas. La première association se distingue de la seconde notamment par le fait qu’elle ne réserve ses services qu’aux seuls nationaux, (en l’occurrence les ressortissants suisses), tandis que la seconde est ouverte aux étrangers.

Il nous parait important de saluer l’intention de certaines associations privées qui sont principalement motivées par une envie d’apporter de l’aide à des personnes qui en ont le plus besoin. Toutefois, nous ne pouvons manquer de nous poser la question des limites de telles pratiques.

En effet, quelle est la limite entre une réelle envie de mourir et une dépression passagère qui pousserait une personne dans une période « sombre » de sa vie à ne plus vouloir exister ? Comment ne pas imaginer que ces associations ne sont pas tentées d’attirer le plus de monde, sachant que leur chiffre d’affaire s’accroit en même temps que le nombre de leurs « adeptes » ?

  1. Des pratiques douteuses

Le premier point interpellant quand nous regardons de plus près leurs activités consiste dans le fait que l’aide au suicide ne concerne pas uniquement les personnes en fin de vie. En effet, celle-ci peut être demandée par tout patient qui en exprime la volonté, indépendamment de toutes souffrances insupportables ou d’issues fatales. Il est ainsi à soupçonner qu’une assistance au suicide est réalisée pour des personnes dépressives ou pour des déments. Dans le même sens, une étude complète sur le suicide assisté en Suisse réalisée par le Pr. M. Egger en 2014 énumère certains aspects des activités d’EXIT et de DIGNITAS dont un nombre non négligeable de personnes vivant seules ou divorcées ayant recours à l’aide au suicide.

Encore plus interpellant sont les méthodes employées. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, l’association DIGNITAS proposerait à ses clients un « kit euthanasie » qui leur permettrait de se suicider avec l’aide d’hélium.

Nous pouvons enfin citer parmi la liste de pratiques douteuses, l’expulsion de l’association DIGNITAS de son immeuble sur plainte des voisins pour circulation de cercueils dans l’immeuble et à ses abords.

  1. Le tourisme de la mort

Comme déjà précisé, la particularité de l’association DIGNITAS réside dans le fait qu’elle offre ses « services » aux étrangers. Il a ainsi été constaté en quelques années une hausse importante de demandes d’aide au suicide à l’origine d’un nouveau phénomène, le tourisme de la mort.

Ainsi, il n’est pas rare de voir des ressortissants des pays européens prendre un aller simple vers la suisse. Ceci s’explique notamment par le fait que la législation en vigueur dans les autres pays demeure assez stricte, faisant quasiment pas de distinction entre le régime applicable à l’euthanasie et celui réservé à l’aide au suicide.

Comment ne pas voir dans ce tourisme de la mort un business comme les autres ? La rapidité des procédures mises en place par l’association DIGNITAS ne permet malheureusement pas de contredire cette idée.